Nous entamons déjà notre 4ème semaine de stage, la 2ème sans les étudiants
togolais. Qu'est-ce que ça passe vite!
Nous n'avons plus que 3 semaines complètes. Il ne reste donc plus que 3 ou 6
séances avec chaque patient (suivant la fréquence des rééducations)... Nous
faisons de notre mieux pour les faire progresser mais nous réalisons que nous
disposons finalement de peu de temps! C'est un peu frustrant de les
"abandonner" si vite; même si leur rééducation continuera bien après
notre passage.
Ce qui est également frustrant c'est le peu de temps que nous pouvons
consacrer aux patients hospitalisés.
Nous les visitons au moins une fois par jour. Nous réalisons leur anamnèse
et leur bilan petit à petit car ils sont fatigables. A peine le bilan terminé,
voire même bien avant, on apprend que le patient est rentré chez lui. Et comme
la majorité des Togolais, ils ne peuvent se payer des séances d'orthophonie.
Tous les déficits que nous avons observés chez eux ne seront donc pas pris en
charge; on compte seulement sur la récupération spontanée...
Je vous donne quelques nouvelles du patient dont je vous ai longuement parlé
dans mon dernier article.
Il est de plus en plus éveillé. Il arrive à émettre des sons très faibles.
Sa déglutition ne lui permet cependant pas de se nourrir suffisamment.
L'orthophoniste a donc préconisé la pose d'une sonde naso-gastrique. Elle fut
mise en place mais arrachée par le patient quelques minutes après.
Un médecin n'a pas cru la mère quand elle lui a dit qu'il ne pouvait se
nourrir. Il a voulu prouver le contraire en lui demandant de boire. Comme le
patient ne pouvait se saisir du verre et le porter à sa bouche seul, il lui a
mis l'eau dans la bouche; ce qui c'est soldé par une grosse fausse route
d'après ce que nous a dit la maman.
Nous continuons donc de le stimuler par des effleurages au niveau du cou et
essayons de lui faire produire des sons.
Lorsque son état le permet (éveillé, pas trop fatigué...), nous lui donnons
un peu de yaourt ou de compote, ce qui lui permet d'absorber son médicament qui
est pilé et mélangé à l'aliment.
Nous devons nous adapter très vite aux diverses situations
rencontrées.
Par exemple, hier, Anne-Laure et moi étions au C.H.U. Campus. Nous avions un
patient chacune dans 2 bureaux attenants. On ne devrait en avoir qu'un à la
fois mais entre les retardataires et ceux qui arrivent à l'improviste...
Quand Anne-Laure eut fini, elle reçut une maman et son enfant qu'on ne
connaissait pas. Ils étaient venus il y a un an et n'étaient plus revenus
depuis. L'orthophoniste lui a seulement dit de faire une séance de guidance parentale.
De mon côté, un patient aphasique pour lequel j'avais commencé un bilan la
semaine passée est arrivé. Je n'avais pas eu le temps de consulter son dossier.
J'ai donc fini le bilan : il restait une épreuve (Ludivine et Alice avaient quasiment fini le jeudi précédent). Après lui avoir posé quelques questions, l'orthophoniste est revenu. Je lui ai alors demandé ce qu'il fallait faire et il m'a répondu: praxies, fluences et concaténation de phrases! Après quelques secondes de réflexion, il fallait se lancer; le patient ne pouvait pas attendre devant moi sans rien faire. Au final, cela s'est bien passé mais je réfléchirai à son cas pendant le week-end pour ne pas me retrouver dans la même situation!
Nous avons obtenu l'autorisation de nos maîtres de stage de prendre des photos durant les rééducations (avec l'accord des parents et des patients bien sûr!). Vous aurez donc la possibilité de nous voir en blouse très prochainement!
Lisa